Réponse à la lettre de Brian Jones, publiée le 20 mai dans le Telegram

Voyons voir si nous avons bien compris : une pandémie mondiale fait rage, les différents paliers de gouvernement nous exhortent à nous confiner et, dans la mesure du possible, à travailler à la maison afin d’aplatir la courbe et de protéger l’économie. Des milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur public continuent à bosser tous les jours, sur leur lieu de travail ou en s’adaptant au télétravail, car ils fournissent des services jugés essentiels. Des milliers d’autres acceptent de changer de poste pour aider le gouvernement fédéral à traiter les prestations d’urgence.

Bref, une fois de plus, les fonctionnaires ont relevé le défi, comme en témoignent des données probantes. Ils ont réussi à traiter en très peu de temps cinq millions de demandes d’aide financière. Grâce à eux, le gouvernement fédéral a créé un nouveau programme et remis les prestations en trois semaines. Du jamais vu. Si les fonctionnaires n’avaient pas pu remettre les prestations à temps, des rédacteurs comme Brian Jones auraient crié au meurtre. Cependant, les fonctionnaires ont prouvé qu’ils peuvent travailler efficacement, même à la maison, et fournir les services essentiels à la population. 

Ces fonctionnaires travaillent. Ils continuent à fournir des prestations et des services essentiels tous les jours. 

Et ils le font même s’ils sont encore victimes des ratés du système de paye Phénix. Les fonctionnaires qui s’y sont frottés demeurent plongés dans le cauchemar. S’ils continuent à répondre à l’appel, c’est qu’ils sont dévoués et peuvent témoigner de la valeur et de l’impact de leur travail. Heureusement, le syndicat a pu négocier certaines protections pour ses membres. 

Nous sommes tous dans le même bateau, alors pourquoi diviser la population? Ces attaques ne sont qu’un avant-goût, car les chroniqueurs commencent déjà à se demander qui est payé, qui ne l’est pas, qui devrait l’être et combien ils devraient gagner. Et de qui parlent-ils, au juste? Seulement des travailleurs du secteur public, évidemment! 

D’aucuns diront qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les fonctionnaires sont dans la mire de ces scribes depuis belle lurette. Cependant, il n’a jamais été aussi important de remettre en cause la malhonnêteté de leurs idées éculées. Ils prêchent depuis trop longtemps la réduction des services publics, l’éviscération de la réglementation et un plus grand contrôle du privé sur les services dont nous dépendons – même si les faits continuent à leur donner tort. 

Pour vaincre la COVID-19, ici comme dans le monde entier, nous devons pouvoir compter sur de solides services publics. Nous avons besoin, entre autres, des travailleurs de première ligne, des autorités sanitaires, des travailleurs municipaux, de gouvernements qui fournissent un soutien financier, des inspecteurs des aliments, des agents des services frontaliers. 

Ce que nous a appris la pandémie devrait nous inciter à célébrer la solidité de notre filet social et à le renforcer. Qu’aurions-nous donc à gagner en médisant les fonctionnaires et en dressant les Canadiens les uns contre les autres? Absolument rien. 

Tout le monde sait que nous serions en mauvaise posture sans nos routiers, commis d’épicerie, messagers et autres travailleurs qui ont moins de protections et d’avantages sociaux que leurs homologues du secteur public. Et c’est sans compter les millions de personnes qui se sont retrouvées sans emploi du jour au lendemain. Nous devons nous employer à relancer une économie qui garantit des congés de maladie, un salaire viable et d’autres protections de base, et qui n’attend pas d’être acculée au pied du mur pour offrir un soutien au revenu à ceux qui n’ont plus de travail. 

Une fois la pandémie derrière nous, nous aurons besoin d’un solide secteur public pour assurer la relance du secteur privé et de l’ensemble de l’économie.  

C’est avec fierté que je parle au nom des fonctionnaires dévoués qui continuent à fournir des services essentiels à la population. Les Canadiennes et les Canadiens ont toujours pu compter sur eux et la pandémie a prouvé que rien ne viendra à bout de leur dévouement.

Colleen Coffey
Vice-présidente exécutive de l’Atlantique
Alliance de la Fonction publique du Canad

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