Quand les conservateurs sont aux prises avec un scandale interne, ils s'en prennent aux fonctionnaires. C'est typique.
La dernière offensive à ce jour : une attaque mensongère et complètement injustifiée du président du Conseil du Trésor contre les congés de maladie dans la fonction publique. Ce type d'affrontement idéologique cherche à distraire la population canadienne de la crise qui secoue le parti conservateur. Penchons-nous un moment sur les faits et tentons de diagnostiquer les vrais symptômes du mal.
Prenons tout d'abord le droit d'accumuler les congés de maladie, acquis grâce à la négociation collective. Malgré ce qu'en disent les conservateurs, ce n'est pas un privilège. Les employés ne peuvent pas encaisser leurs congés ou s'en servir pour prendre une retraite anticipée.
Les congés de maladie accumulés aident les travailleurs et les travailleuses victimes d'une maladie chronique ou grave. Par la suite, ils peuvent demander des prestations d'invalidité à long terme, mais l'attente est longue : 13 semaines, soit 65 jours ouvrables. Leurs congés leur permettent de tenir pendant cette période, sans quoi ils se retrouvent pratiquement sans salaire à un moment où ils luttent pour leur vie. Les congés de maladie accumulés ne sont pas des cadeaux, mais un moyen de survivre.
Les statistiques ne racontent pas toute l'histoire
Les conservateurs ont répandu un tas de rumeurs et de statistiques erronées là-dessus. Ils parlent de « moyennes », qui sont trompeuses, car elles tiennent compte non seulement du nombre de fonctionnaires malades pour une courte période, mais aussi de ceux et celles qui souffrent de maladies chroniques ou sont en voie d'obtenir des prestations d'invalidité à long terme. Pour faire croire à l'abus des congés de maladie, le gouvernement a recours à un tour de passe-passe statistique : baser son calcul sur un petit nombre de fonctionnaires qui ont vraiment besoin de soutien additionnel.
Les faits contredisent le gouvernement : la plupart des fonctionnaires ne prennent pas plus de 8 jours de congé de maladie par an, un chiffre semblable au reste de la population active canadienne.
Privé-public : une comparaison boiteuse
Les conservateurs prétendent que les fonctionnaires prennent plus de congés que les employés du secteur privé. Si c'est le cas, la raison est simple : l'échec du gouvernement conservateur à soutenir le système de santé et à améliorer les conditions de travail au pays. En fait, bon nombre d'employés non syndiqués du secteur privé ne peuvent pas prendre un congé de maladie ou d'invalidité à long terme lorsqu'ils souffrent d'une grave maladie chronique. Plusieurs doivent quitter leur emploi. Que des employeurs poussent au chômage des victimes de cancer, de maladie cardiaque et d'autres maladies graves, à un moment où ils ont tant besoin d'aide, c'est cruel et inhumain. Mais c'est la dure réalité de bien des employés du secteur privé.
Les secteurs public et privé doivent résister au gouvernement qui tente de les diviser et collaborer à l'amélioration des conditions de travail et au respect des droits syndicaux au pays. Il faut s'assurer qu'aucun employé ne perde son emploi en même temps qu'il lutte contre une maladie chronique ou mortelle. Les congés de maladie et d'invalidité à long terme sont des droits fondamentaux pour l'ensemble de la population active au Canada.
Étant donné la suppression de milliers de postes ces derniers temps, nombreux sont ceux et celles qui hésitent à prendre un congé de maladie, de peur d'être considérés comme peu fiables et de perdre leur emploi. Le résultat : des employés malades qui, en venant quand même au travail, aggravent leur état et mettent leurs collègues et le public en danger. Nous savons aussi qu'en coupant des postes, des programmes et des services, le gouvernement favorise la maladie mentale au travail. Les appels au Programme d'aide aux employés ont explosé et on a déterminé que bon nombre provenaient de personnes possiblement suicidaires.
Nous ne pouvons pas congédier nos élus, comme Tony Clement. Mais nous pouvons affirmer que, ces jours-ci, les députés et sénateurs conservateurs n'arrivent pas à la cheville des fonctionnaires. Ce sont les employés du secteur public qui veillent au grain, servent le public chaque jour et accomplissent toujours plus avec moins. Essayer de les traîner dans la boue est vraiment injuste et irresponsable.
Et ça nous rend malades.
Jeannie Baldwin
Vice-présidente exécutive régionale
Alliance de la Fonction publique du Canada