Services d’eau à Moncton : l’AFPC est favorable à la remunicipalisation
La question des services d’eau à Moncton — des services qui ont été privatisés au détriment d’emplois dans le secteur public —, est une question qui mérite toute notre attention. L’AFPC, comme syndicat œuvrant dans le secteur public, s’oppose à la privatisation des services publics et appuie activement toute initiative pour ramener dans le giron public ceux qui ont été privatisés.
Résolutions au congrès de l’AFPC
Au congrès national de l’AFPC en 2015, nos membres ont adopté une résolution qui a renforcé notre engagement à lutter contre la privatisation. Cette résolution (NEGO-059) demandait à l’AFPC de lancer une campagne pour s’opposer à la sous-traitance des emplois de ses membres et exposer à l’employeur et à la population canadienne les écueils de la sous-traitance. Cet engagement a été réaffirmé au congrès national de 2018 lorsque les membres ont adopté la résolution GEN-083A, qui demande à l’AFPC de lutter contre la perte d’emplois dans la fonction publique fédérale, provinciale et territoriale en lançant une campagne de riposte pour l’ensemble des membres contre les partenariats public-privé, actuels et futurs, et la privatisation des emplois de la fonction publique fédérale.
La privatisation, une menace pour le droit à l’accès à l’eau
Les Nations Unies reconnaissent l’accès à de l’eau propre et abordable comme un droit fondamental de la personne. Au Canada, les municipalités ont la responsabilité de fournir de l’eau potable à leur population.
En 1998, la Ville de Moncton a bien fait de construire une usine de traitement de l’eau, car il y avait à l’époque un urgent besoin d’améliorer la qualité de l’eau dans la municipalité. Malheureusement, en ayant recours à un partenariat public-privé, la Ville a payé 8,5 millions de dollars de plus que ce qu’un projet public aurait coûté. Le contrat pour les services d’eau se terminera bientôt — la Ville aura donc l’occasion de renverser la vapeur.
Ici et là dans le monde, des municipalités reprennent le contrôle de leur réseau d’aqueduc après avoir vécu pendant des années avec des services privatisés qui ont entraîné des risques et des coûts beaucoup trop grands. À Paris, en France, à Hamilton, en Ontario, à Atlanta, en Géorgie, à Terrassa, en Espagne, à Port Hardy, en Colombie-Britannique, les services d’eau ont été renationalisés.
À Paris, lorsque la Ville n’a pas renouvelé son contrat avec la société privée Veolia, elle a réduit ses coûts de plus de 8 % et a amélioré la transparence de ses politiques ainsi que sa capacité à assurer l’accès à l’eau aux résidents en situation financière précaire. Veolia, qui est justement l’entreprise chargée des services d’eau à Moncton, a aussi été impliquée dans la désastreuse crise de l’eau à Flint, au Michigan.
À Hamilton, des efforts pour maximiser les profits en réduisant le personnel et en utilisant de l’équipement désuet ont entraîné de catastrophiques déversements d’eaux d’égout non traitées dans des résidences et dans le lac Ontario.
Les réseaux d’aqueduc doivent rester dans le domaine public
Oui, l’AFPC est favorable à la remunicipalisation du système d’eau potable de Moncton — mais ce n’est pas parce que telle ou telle entreprise affiche un piètre bilan en matière d’approvisionnement en eau potable à un prix raisonnable. C’est plutôt parce que toutes les entreprises privées ont le potentiel de porter atteinte à la santé publique et au droit universel de l’accès à de l’eau potable. Veolia, Suez, Acciona Agua et toutes les autres sociétés privées visent d’abord et avant tout à faire des profits. Les faillites, l’insolvabilité, la corruption ou encore simplement l’absence de rentabilité sont autant de raisons qui ont déjà mené à l’échec de projets conjoints entre les secteurs privé et public.
Au bout du compte, le gouvernement ou l’administration qui privatise continue d’assumer les risques du projet et peut se retrouver à payer des coûts additionnels et à réparer les dégâts de l’échec d’une compagnie. Nous l’avons vu encore et encore — on n’a qu’à penser à la faillite de la mégasociétéCarillion ou encore au refus d’Omnitrax de réparer la voie ferrée privatisée à Churchill, coupant ainsi la population de l’endroit du reste du Canada.
La Ville de Moncton aura toujours la responsabilité de fournir l’eau potable à ses résidents et devra toujours assumer le risque inhérent à tout projet de privatisation. La meilleure manière d’éviter ce risque est de garder l’approvisionnement en eau entièrement dans le secteur public.
Reprenons le contrôle de notre eau!
Mises à jour
Featured on homepage:0